Mercure d'Amélie Nothomb, ou un livre perturbant que j'ai adoré

Je viens de finir Mercure d'Amélie Nothomb. Vous savez peut-être combien j'aime cette auteur si vous avez lu ma chronique sur Robert des Noms Propres, et j'ai envie de vous parler de Mercure (même si j'ai lu d'autres livres de la belge entretemps).

Mercure est perturbant. Comme nombre des livres de l'auteur me direz-vous si vous connaissez, mais j'ai été vraiment chamboulée. Je me suis régulièrement arrêtée durant ma lecture, réfléchissant au sens de la vie.
Je vous donne la quatrième de couverture de mon livre (qui n'est en réalité pas le mien - voir ici) :  

" Sur une île au large de Cherbourg, un vieil homme et une jeune fille vivent isolés, entourés de serviteurs et de gardes du corps, à l’abri de tout reflet ; en aucun cas Hazel ne doit voir son propre visage.
Engagée pour soigner la jeune fille, Françoise, une infirmière, va découvrir pourquoi Hazel se résigne, nuit après nuit, aux caresses du vieillard. Elle comprendra au prix de quelle implacable machination ce dernier assouvit un amour fou, paroxystique…
Au cœur de ce huis clos inquiétant, Amélie Nothomb retrouve ses thèmes de prédilection : l’amour absolu et ses illusions, la passion indissociable de la perversité."

Je ne savais vraiment pas à quoi m'attendre, aussi me suis-je laissée porter par les mots. Les tournures de phrases sont exquises, souvent. On savoure les mots. Les personnages sont atypiques et leurs émotions comme irréelles, on ne ressentirai pas la même chose à leur place. Mais cela fait partie du charme de ce livre, bien qu'il soit perturbant.

"Vous êtes infâme.
   - Cela ne me dérange pas."

Pour tout vous dire, j'ai adoré.

Mais la lecture fait se poser des questions sur l'amour, sur les sentiments que peuvent ressentir des personnes, aussi horribles soient-ils. Il est quand même question d'un homme qui séquestre une jeune fille en lui mentant (je ne vous donnerai pas plus de détails) par amour. Un amour qui le rend fou. J'ai trouvé que les mots utilisés par l'auteur étaient beaux, bruts et puissants. Dérangeants, mais j'ai aimé (et je suis normale).

"Au loin, Loncours vit la pupille esquisser des gestes d'enthousiasme. "Tout est perdu. Elle sait, maintenant", pensa-t-il.
Le monde ne voulait plus de lui. Il eut l'impression que le bateau de sa vie avait largué les amarres. Comme dans un rêve dont on ne parvient pas à déterminer s'il est magnifique ou horrible, il marcha vers les deux jeunes femmes. On était fin mars mais la lumière était encore celle, parfaite, de l'hiver au bord de la mer. Etait-ce à cause de cet éclat blafard que les deux silhouettes féminines lui paraissaient si éloignées ?
Il marchait à n'en plus finir. Il se rappela les paroles d'un sage éthiopien rencontré quarante ans auparavant lors d'une escale africaine : "L'amour et l'affaire des grands marcheurs". Il comprenait enfin combien cette phrase était vraie"."

L'auteur joue avec les personnages, on ne sait plus vraiment qui est bon et qui ne l'est pas, à moins que tous soient gris.

"L'eau et l'amour sont le berceau de toute vie : il n'y a pas plus fécond. Mourir par l'amour ou mourir par l'eau, ou mieux encore par le deux ensemble, c'est boucler la boucle, c'est prendre la porte d'entrée pour porte de sortie. C'est se tuer par la vie même."

Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais ma lecture m'a remuée. Peut-être à cause des idées derrières l'histoire. Des réflexions qu'il y a.

Jusque là, aujourd'hui, Mercure rentre dans mon top 3 des livres d'Amélie Nothomb. Et j'ai lu 14 de ses 26 livres actuellement publiés.

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Connaissez-vous Mercure ? Aimeriez-vous le lire ? Vous arrive-t-il de lire des œuvres dérangeantes mais qui, sans que vous puissiez vraiment expliquer pourquoi, vous plaisent ?