Non, tu ne seras jamais totalement zéro-déchet

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On assiste ces derniers temps à un véritable engouement pour le mouvement zéro-déchet. Influencés par des personnes comme Béa Johnson, qui produit moins d'un bocal de déchets non-recyclables par ans, beaucoup de particuliers essaient de limiter au maximum leurs déchets et se vantent de n'avoir produit "que" [une poubelle par semaine/par mois/par an/mettez ici ce que vous voulez].
C'est bien, très bien même, que tant de gens s'investissent pour limiter leurs déchets. Cependant, je veux te dire sans devenir défaitiste (ce n'est pas du tout mon truc) que non, tu ne seras jamais totalement zéro-déchet. Explications un peu plus loin...




Les déchets que nous produisons : la partie émergée de l'iceberg


Dans le vaste et dangereux univers des déchets se trouvent plusieurs royaumes. Parmi eux, les déchets ménagers. Ces papiers, cartons, plastiques, verres, tissus que l'on retrouve dans nos poubelles ont servi, plus ou moins utilement, à emballer, conserver ou décorer les biens que nous achetons (nourriture, vêtements, jouets, appareils électroniques...).

Se rapprocher du courant zéro-déchet signifie revoir sa manière de consommer et apprendre à regarder les emballages inutiles d'un autre œil (entre autres). Place à la simplicité : on se détache de la publicité et on se concentre sur le produit en lui-même, pas sur les trois matériaux sans grande utilité qui l'entourent. Prenons l'exemple des infusions : je n'ai pour ma part jamais compris l'intérêt d'avoir une petite portion d'infusion dans un sachet, lui même dans un plastique (pour "plus de fraîcheur"... Tu le vois, mon air dubitatif ?"), situé dans un carton lui-même enrobé d'un film plastique qui part directement à la poubelle (je me demande quelle est sa durée de vie, le pauvre, être extrait pour... enrober du carton et visiter une poubelle... C'est triste, quand même) (ironie). Tu comprends l'aspect inutile dont je parlais ? Des herbes dans un carton sont largement suffisantes, vu qu'en général les herbes d'infusion (comme celles du thé) ne sont pas soumises à des conditions de conservation particulièrement difficiles.


Le zéro-déchet, c'est refuser d'acheter ces produits suremballés qu'on voit dans les supermarchés, c'est dire NON à la surconsommation ambiante (comprenez : le fait d'acheter sans se poser de questions, de jeter sans se poser de questions et de racheter avec le même principe - no question).

Le zéro-déchet, je ne le vois pas comme un régime drastique dans lequel le moindre bout de plastique est impitoyablement éliminé (c'est pour ça que j'ai un peu de mal avec Béa Jonhson, je trouve sa démarche un peu trop extrême, même si des conseils sont bons à prendre). Certains produits font mieux d'être emballés, rien que pour des raisons sanitaires (on ne va pas vendre des brosses à dents telles quelles, même si elles sont en bambou, ou des cups pour les règles disposées directement dans le magasin. On peut laver, mais bon...). 

Mais les gens qui réduisent drastiquement leurs déchets (d'ailleurs, il n'y a pas de premier prix au concours !) oublient souvent la plus grosse part de l'icerberg du royaume des déchets (à moins que ça ne soit une monarchie constitutionnelle...). Même si, certes, ce peu de déchets produits est beaucoup mieux que ne rien faire.

Avant de passer à la suite, je voulais mentionner une anectode que je trouve amusante. J'ai vu en cours de SES un documentaire sur le changement vers une vie avec moins de déchets, ça s'appelle Ma Vie Zéro-Déchet. Le protagoniste, au début de sa démarche, va dans un supermarché et demande de déballer tous ses produits à la caisse, pour ne rien ramener chez lui. Inutile... ou pas ? Si tout le monde déballait ses achats au supermarché, les magasins auraient des problèmes de gestion des déchets et ainsi, demanderaient aux fournisseurs de changer de manière d'emballer. Non ?



La partie immergée de l'icerberg 


Les déchets que nous produisons ne représentent qu'une petite part de l'immensité des déchets. On parlera du sac à dos écologique : la quantité de matière première nécessaire pour fabriquer un objet. Ainsi, pour 500 kg en moyenne de déchets "visibles" par an et par personne en France, on compte 14 tonnes de déchets cachés.
14 tonnes ! Ce chiffre quelque peu impressionnant prend en compte les déchets professionnels (BTP, industrie, agriculture, activités de soins...) produits pour fabriquer les objets que l'on achète.


Une simple brosse à dents de 50 grammes a un sac à dos écologique de 1,5 kg de déchets.
Pour un jean, c'est 32 kg de matières premières utilisées et 8 000 litres d'eau.
Une voiture : 70 tonnes de matériaux divers.
Bien sûr, ces chiffres sont bruts et l'on de sait pas ce que devient l'eau utilisée (est-elle polluée ? Juste utilisée pour refroidir ?), mais cela donne tout de même une idée du coût écologique de nos biens.

Pour limiter ce sac à dos écologique, on peut par exemple privilégier le seconde main, les aliments non-transformés (les préparer soi-même a un coût écologique infiniment inférieur à la transformation d'un plat cuisiné en usine), et essayer de faire soi-même dans la mesure du possible. Par exemple, boire du jus d'orange qu'on presse à la maison au lieu de l'acheter tout fait avec du sucre en plus dans une bouteille. L'important est de prendre conscience de ce qu'on achète et du coût en matières premières qu'il y a derrière chaque bien... en ne se décourageant point.



Au final...


Si tes poubelles sont presques vides, c'est très bien. Continue à prendre conscience de ce que tu achètes (et n'achètes pas). Mais par pitié, ne culpabilise pas. Car au final, en dépit des déchets que tu n'auras pas produit directement dans ta poubelles, tes objets auront toujours un sac à dos écologique. 
Donc ne te décourage pas, persévère, mais ne culpabilise pas trop de ne pas faire aussi bien que d'autres font. On n'a pas la même vie que les autres.
En réalité, tu ne seras jamais totalement zéro-déchet, à moins de vivre reclus dans une forêt en vivant de chasse, de cueillette et d'eau fraîche (si si c'est possible). Mais tu peux faire de ton mieux, ce qui est plus bénéfique que ne rien faire du tout. Moi aussi, j'essaie de limiter au maximum mes déchets "directs", même si je suis consciente que cela n'est qu'une partie du problème. Surtout, garde confiance !

L'essentiel, c'est de prendre conscience de ce qu'il y a derrière les choses que nous utilisons pour mieux vivre. Et d'essayer de progresser, de changer de comportement pour que, à l'avenir, les animaux marins s'étouffant avec du plastique ne soient plus qu'un lointain souvenir.

Le monde n'est pas binaire, il est complexe, et la problématique posée par les déchets n'est pas simple. Les entreprises produisent parce qu'on leur demande de produire. Si personne n'achète, elles se poseront des questions... 


Des sources


J'aime beaucoup la méthode de la Famille (presque) Zéro-Déchet, car, justement, il y a le "presque" dans leur démarche. Ils sont positifs et ne se voilent pas la face quant au sac à dos écologique des produits de consommation, tout en restant ultra encourageants. D'ailleurs, vous pouvez trouver ici en pdf un guide réalisé par la Famille (presque) Zéro-Déchet et Zero Waste France. Il est à destination des enfants mais je l'aime bien, en plus ils parlent du sac à dos écologique, notion qui n'est, je trouve, que trop peu abordée. 

Enfin, cet article de Comme un Gardon sur le sac à dos écologique est intéressant, et tu peux trouver ici quelques chiffres officiels concernant la production de déchets.


Et toi, essaies-tu de limiter tes déchets ? Avais-tu déjà réfléchi aux ressources nécessaires à (presque) toute production ? 

(Toutes les photos sont libres de droits.)

18 commentaires:

  1. Un article très intéressant et très vrai ! C'est déjà très bien que certains aient le réflexe de produire moins de déchets, de faire attention, quand ils peuvent, car au final, comme tu le disais, chacun a une vie différente. Il est par exemple moins facile de vivre en "zéro déchet" quand on a des enfants, ou d'autres obligations (enfin je pense). A mon humble avis, le plus gros devrait être fait à plus grande échelle (les grandes industries et entreprises, par exemple, qui sur-emballent les articles). Mais l'on a tendance à beaucoup trop culpabiliser les consommateurs... Bonne continuation ;)

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    1. Coucou Elfenn :)
      Ça me fait plaisir que tu réagisses ! Oui, par exemple je pensais aux gens qui ont des enfants (même si je suis moi-même considérée comme une enfant^^), quand il y a un travail, des loisirs et des enfants la charge mentale doit être plus présente donc on ne peut pas passer sa vie à préparer des confitures maison, si j'ose dire.
      Passe une bonne soirée :)

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  2. J'ai beaucoup aimé le guide de la Famille (presque) zéro-déchet, justement pour ce côté tolérant et non culpabilisant. Je réduis au maximum mes déchets, je fais attention à ce que j'achète, mais je ne me mets pas la tête à l'envers si j'achète un truc emballé. Comme tu dis, notre poubelle n'est que la partie visible de l'iceberg. Très juste, cet article, comme toujours.

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    1. Toi aussi ! :)
      Et as-tu lu le guide pour les enfants ? Est-il bien ?
      Et merci pour ce beau compliment :D

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  3. Très chouette article :) J'essaie aussi de tendre vers le zéro déchet, mais je me sens parfois découragée par ce "sac à dos écologique" (je ne connaissais pas du tout ce terme !). Je ne connaissais pas non plus ces chiffres, et ils sont effarants (et terrifiants).
    Tu as raison, il ne faut pas culpabiliser parce qu'on "fait moins bien que le voisin". Faire ce qu'on peut, c'est déjà pas mal ! Avec un peu de chance, les plus gros producteurs de déchets finiront par se rendre compte de tout ça... avec un peu de chance...

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    1. Merciiii !
      Ton blog est inspirant sur le sujet de l'écologie :)
      Oui, avec un peu de chance... (On sent l'air dubitatif dans tes points de suspension).

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  4. Un article très intéressant ! Je travaille dans les déchets (syndicat de traitement des déchets) et je suis donc confrontée tous les jours à la partie non immergée de l'iceberg, c'est déjà tellement énorme alors quand on pense au reste des déchets que ça implique.... des fois, on a tendance à se sentir un peu désespéré... mais c'est bien vrai que déjà si on essaie de faire de son mieux, ça peut faire une différence ! Restons positifs ^^

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    1. Salut Kara ! Merci d'être passée :)
      Ah oui, si tu travailles dans le domaine tu dois être bien au courant... Tu as raison de rester positive, même si j'ai l'impression que tu es découragée, mais j'imagine que vraiment voir les monts de déchets doit donner l'impression qu'un emballage de plus ou de moins ne changera rien.

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  5. J'adore lire des articles sur la prise de conscience écologique, zéro-déchet... et j'adore encore plus lire des articles bienveillants et indulgents. C'est un défi assez difficile comme ça de changer son quotidien sans avoir besoin de jugements. Si on donne l'idée que c'est tout ou rien, on est parfait ou c'est inutile, ça n'ira nulle part. J'ai lu récemment sur Instagram un post qui disait, "on n'a pas besoin d'une poignée de gens qui font le zéro-déchet parfaitement, on a besoin de tout le monde qui le fait imparfaitement" :) En tout cas je me sens plus positive de voir que ça entre peu à peu dans la discussion et il faut vraiment que je lise le livre de la Famille (presque) Zéro-Déchet !

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    1. Cette citation est tout à fait juste ! Je trouve que ça résume bien la démarche qu'il faudrait avoir. Ensemble, et pas chacun de notre côté.
      Parce que l'histoire avec le bocal etc te stressait, te mettait une sorte de pression, ou te décourageait d'office ?

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  6. Super article! J'essaie moi aussi de mettre ma goutte d'eau dans l'océan...Bien sûr je trouverai toujours pire que moi et mieux que moi....Je pense qu'on peut constamment s'améliorer. L'important c'est de trouver un équilibre et surtout que la grande distribution s'y mette pour nous aider!!!!

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    1. Oui c'est vrai que la grande distribution semble se ficher royalement de la problématique posée par les déchets, car même quand il existe des alternatives simples, ils utilisent la plus polluante...

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  7. Je me retrouve beaucoup dans cet article. Je suis dans une démarche zéro déchet depuis quelques années. J'essaye de faire de mon mieux à mon échelle sans me mettre trop de pression. Au passage j'en profite pour te dire que je trouve ton blog est chouette. :)

    www.greenauquotidien.fr

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    1. Merci à toi pour ton gentil commentaire ! :)

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  8. Coucou ! Encore un super article, très juste. J'adore la famille zéro déchet également, qui m'a d'ailleurs permis d'avoir LE déclic et d'adopter un tout nouveau comportement il y a 3 ans. Une copine de blog m'avait fait remarquer qu'employer le terme "zéro-gaspi" était plus approprié. Alors j'essaie d'utiliser ce mot depuis. C'est vrai que je le trouve plus juste et plus réaliste. :)

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    1. Merci Ju' :D
      Oui, "zéro-gaspi" c'est tout de suite plus parlant, car avec le mot "déchet" vient la question "qu'est-ce qu'un déchet". Le dioxyde de carbone que l'on rejette, est-ce un déchet ? Et nos cheveux ?

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  9. J'avais moi aussi parlé de ce sujet sur mon blog ici : https://pausecafeavecaudrey.fr/quelques-idees-pour-se-rapprocher-du-zero-dechet/ en expliquant aussi que le zéro déchet n'existe pas. En tout cas c'est vraiment cool de voir qu'on est de plus en plus à être sensibilisées à tout ça !
    Bisous
    Audrey
    https://pausecafeavecaudrey.fr

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    1. Oui, j'ai lu ton article et il est très bien ! C'est sûr que c'est cool :)
      Bonne journée !

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